Interview du Docteur El-Mostafa Lokmane

Chirurgien urologue, Chef du service de chirurgie urologique et cancérologique au Centre Hospitalier de Valenciennes

Quelle intervention êtes-vous en train de réaliser ?

Nous sommes en train de réaliser une prostatectomie radicale [intervention chirurgicale pratiquée pour le traitement du cancer prostatique] pour le traitement d’un adénocarcinome prostatique [un cancer prostatique localisé] chez un homme.

Le robot à port unique est présenté comme une avancée majeure en chirurgie mini-invasive. Pouvez-vous nous expliquer en quoi il se distingue ?

Il s’agit du summum de la technologie au niveau de la chirurgie mini invasive. Il apporte deux innovations majeures. Tout d’abord, il ne nécessite qu’un seul orifice de trocart [petite incision permettant l’accès des instruments chirurgicaux] pour l’introduction de tous les instruments, ce qui réduit considérablement l’impact de l’intervention. Ensuite, il permet d’opérer sans passer par la cavité abdominale, une approche appelée chirurgie extrapéritonéale. Cette technique est particulièrement bénéfique pour les patients, car elle favorise une récupération beaucoup plus rapide après l’opération.

Quels sont les autres bénéfices pour les patients ?

Les principaux avantages résident dans l’aspect mini-invasif et la possibilité d’une chirurgie extrapéritonéale, évitant ainsi de passer par la cavité abdominale. Pour une intervention sur la prostate, par exemple, il est possible d’opérer en sous-péritonéale.

Que cela change-t-il dans vos pratiques en tant que chirurgien ?

En tant que chirurgien, la principale différence réside dans la complexité accrue par rapport à la chirurgie transpéritonéale [qui consiste à passer à travers le péritoine, la membrane entourant les organes abdominaux]. Avec moins d’espace pour opérer, la technique est plus exigeante, mais elle offre une précision renforcée, notamment pour la dissection des bandelettes [des structures nerveuses essentielles à la continence et à la fonction érectile].

Par ailleurs, cette technique propose une nouvelle approche chirurgicale qui présente plusieurs avantages. En plus d’être mini-invasive, elle offre la possibilité d’opérer via une nouvelle voie d’abord chirurgicale. Cela permet d’élargir l’accès à cette intervention à un plus grand nombre de patients. Cela inclut notamment ceux ayant déjà subi plusieurs opérations, ainsi que ceux présentant des tumeurs postérieures du rein [situées à l’arrière du rein] et du rétropéritonéale [pour lesquels les voies d’abord traditionnelles peuvent être plus complexes ou risquées].

  Docteur El-Mostafa Lokmane
  Chirurgien urologue, Chef du service de chirurgie urologique et cancérologique au Centre Hospitalier de   Valenciennes


Voir aussi...