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Parole d'experts

« L’achat peut réellement améliorer le soin et la qualité de vie au travail »

Interview de Charlène Julien, acheteur UniHA au sein de la filière ingénierie biomédicale. 

Acheteuse au sein de la filière ingénierie biomédicale d’UniHA, Charlène Julien intervient sur des marchés publics stratégiques, alliant technique, innovation et enjeux pour le secteur de la santé. Elle revient sur son parcours, son quotidien et l’impact concret de son métier sur le système de santé.

Le 19 novembre 2025
« L’achat peut réellement améliorer le soin et la qualité de vie au travail »

Pouvez-vous nous présenter votre parcours avant d’intégrer UniHA ?

Après une formation à l’ESC Rennes, j’ai débuté ma carrière au siège de la direction du Courrier du groupe La Poste, en tant qu’acheteuse projet informatique, où j’avais notamment en charge le portefeuille achats informatiques de Philaposte (l’imprimerie du timbre) et des contrats stratégiques tels que l’acquisition de serveurs pour l’ensemble du groupe, un projet de plusieurs millions d’euros qui nécessitait de concilier les besoins de différentes directions.

En 2015, j’ai choisi de partir au Canada en VIE (Volontariat International en Entreprise), intégrant un groupe de consulting basé à Montréal. J’ai débuté mes premières missions chez Ubisoft et je m’occupais des achats de frais et services généraux, mais je souhaitais travailler sur des projets IT. J’ai ensuite rejoint Energir, l’équivalent d’Engie au Québec, où j’ai piloté des achats stratégiques informatiques, coordonné des équipes et mené des projets d’achats tels que le changement d’ERP et de logiciel RH. Après plusieurs années au Canada, j’ai choisi de revenir en France et j’ai rejoint UniHA en 2019, attirée par le sens de la mission, la dimension nationale des achats chez UniHA et le lien avec mon expérience IT.

Qu’est-ce qui vous a attirée vers le métier d’acheteur en ingénierie biomédicale ?

Il y a une réelle continuité avec mon parcours précédent : le côté technologique et projet me correspond, mais ici, travailler dans le secteur de la santé donne un véritable sens à l’action. C’est un domaine à la fois innovant et en mouvement constant.

Comment décririez-vous votre rôle chez UniHA ?

Mon rôle comporte une très forte composante de gestion de projets. Nous coordonnons des équipes pluridisciplinaires composées d’ingénieurs biomédicaux, de pharmaciens ou médecins, pour développer ou relancer des marchés, comme celui du robot d’assistance à la chirurgie orthopédique. La chefferie de projet est essentielle, dans la mesure où elle permet d’organiser et d’optimiser le travail avec des professionnels extérieurs, souvent très pris par leurs responsabilités au sein de leur établissement.

Il faut également s’approprier les aspects techniques pour dialoguer efficacement avec des fournisseurs très spécialisés. C’est passionnant de pouvoir explorer à la fois l’innovation technologique et les modes de financement, comme le paiement à l’usage, afin de créer des marchés à valeur ajoutée.

Quelles sont vos missions principales au quotidien ?

Je pilote des appels d’offres, je collabore avec des experts pour développer de nouvelles offres ou relancer des marchés existants, je suis l’exécution des contrats en cours et je fais de la veille pour identifier des innovations.

Quelles sont les particularités de votre filière d’achat ?

La pression sur les prix est importante et notre rôle consiste à optimiser les achats tout en faisant du groupement de commandes quand c’est pertinent. L’intelligence artificielle, l’amélioration du confort des soignants et des patients, et le développement durable sont aussi des axes essentiels. Nous devons réfléchir à tous les impacts d’un marché : bénéfices pour le patient, gain de qualité de vie pour le soignant, démarche d’innovation et responsabilité environnementale.

Quelles compétences sont essentielles pour exercer ce métier ?

Il faut une grande aisance relationnelle pour interagir avec des profils variés, soignants, ingénieurs, fournisseurs, et les fédérer autour d’un projet commun. La polyvalence, la curiosité et l’adaptabilité sont indispensables. La maîtrise technique est également cruciale, car les projets sont très complexes.

Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre travail ?

La diversité des sujets et la richesse des rencontres avec des profils variés. Mais surtout, le fait de contribuer concrètement au système de santé et d’avoir un impact direct sur les patients et les professionnels.

Un projet qui vous a particulièrement marquée ?

Le marché du robot d’assistance à la chirurgie orthopédique. Nous avons intégré une démarche d’achat par la valeur pour mesurer concrètement l’apport des robots sur les patients et sur la qualité de vie au travail des soignants.

Des études rapportent qu’environ 20 % des patients opérés du genou étaient insatisfaits et que les robots récemment déployés étaient très coûteux, sans retour sur investissement clairement démontré. L’objectif de notre démarche est donc, à moyen terme, de prouver les bénéfices réels de ces équipements, et de faire varier la rémunération des fournisseurs de robot en fonction du résultat obtenu.

Ce projet est mené en étroite coopération avec Emilie Baude, pharmacien chez UniHA, qui supervise la partie implants, et Sophie Carlier, responsable des programmes d’achats européens et de transformation, en charge de l’approche par la valeur. Aussi, nous avons constitué un groupe d’experts issus de plusieurs CHU pour évaluer les offres. Dans ce cadre, nous visitons des sites de référence où les robots sont déjà implantés, afin de les observer en fonctionnement lors d’interventions sur patients. 

Cette approche concrète et technique illustre parfaitement ce que j’apprécie dans ce métier : une diversité de missions, un aspect très technique et un lien direct avec le soin aux patients.

Comment voyez-vous l’évolution de votre métier dans les années à venir ?

Je pense que l’intelligence artificielle va prendre une place croissante, notamment dans l’aide au diagnostic. L’interopérabilité des équipements avec les dossiers patients informatisés sera également un enjeu majeur.

 

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Charlène Julien
Charlène Julien
Acheteuse