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Tendances

Retour sur le Colloque "IA à l’Hôpital – Défis et Opportunités" du 13 novembre 2025 à Paris

Organisé par UniHA et CAIH, cet événement a présenté les résultats du premier baromètre national sur l’intelligence artificielle (IA) dans les établissements hospitaliers, complété par des tables rondes stratégiques et l’annonce des Trophées InitIAtive.

Le 18 novembre 2025
Retour sur le Colloque "IA à l’Hôpital – Défis et Opportunités" du 13 novembre 2025 à Paris

Message d'état

Contexte et ambition du baromètre IA

L’IA s’impose comme une révolution dans le secteur hospitalier mais son intégration reste hétérogène, avec des usages variés notamment en imagerie médicale et aide au diagnostic. Le baromètre a été réalisé par l’Ifop de juin à septembre 2025 auprès de 1 000 professionnels hospitaliers d’un panel représentatif de soignants et d’administratifs d’établissements de tout type (CH, CHU, cliniques privées et EHPAD). Il a permis de mesurer l’état d’avancement, d’identifier les freins (sécurité, formation, modèles économiques) et de proposer des pistes d’action tout en fédérant les acteurs du secteur.
 

Introduction

par Pascale Mocaër, Directrice Générale du CHU de Limoges et Présidente UniHA et de Raphaël Beaufret, Directeur des services numériques de l’APHP et Président CAIH

Il ne se passe pas une journée sans que l’IA soit évoquée à l’hôpital

explique Pascale Mocaër. L’IA est omniprésente certes mais peu maîtrisée, avec une multiplication des solutions non toujours structurées.

Les centrales d’achat UniHA et CAIH jouent un rôle structurant pour sécuriser et accompagner les établissements

Selon Raphaël Beaufret, les opportunités sont nombreuses : le gain de temps, l’amélioration de la qualité des soins et l’optimisation des coûts. Les freins majeurs incluent la sécurité des données, la dépendance technologique et des modèles économiques à consolider. Selon lui, l’IA doit être achetée comme un médicament ou un dispositif médical, avec des critères d’efficacité et des coûts maitrisés. La formation et l’accompagnement des équipes sont également primordiales.

Résultats clés du baromètre

par Thomas JAN, Directeur Général adjoint d’UniHA en charge de la stratégique numérique et de CAIH.

En effet, 66% des professionnels hospitaliers ont une perception positive de l’IA, valorisant surtout le gain de temps, la qualité des soins et la réduction de la charge administrative.

Les principaux usages cités sont autour de l’imagerie médicale, de l’aide au diagnostic, de l’automatisation des comptes-rendus et autres tâches administratives.

Quelques freins majeurs identifiés : sécurité/éthique (42%), manque de formation (6%), doutes sur la fiabilité des résultats, incertitudes économiques.

Thomas Jan revient sur un chiffre clef : 1 personne sur 3 déclare utiliser des outils personnels d’IA (ChatGPT notamment) à des fins professionnelles soulignant la nécessité d’accompagnement et de formation. Le risque : des données sensibles exposées et l’absence de cadre HDS (hébergement des données de santé).

Table ronde 1 : Retours d’expérience et enjeux stratégiques

Intervenants :

  • Arnaud VANNESTE, Directeur Général du CHU de Nancy
  • Laurent PIERRE, Conseiller Numérique à la FHF
  • David SAINATI, Co-responsable Numérique en Santé à la DNS

Arnaud Vanneste rapporte son expérience au CHU de Nancy « Avec 440 000 connexions mensuelles à des IA génératives dont 84 000 par les internes, 60% se font via ChatGPT, sans contrôle ni sécurisation. On est déjà dépassés par les usages. Il faut encadrer l’IA générative avant qu’elle ne nous échappe ». Les risques de non-conformité réglementaire et d’exposition des données de santé sont majeurs. Un LLM (Large Language Models) souverain est nécessaire dans un cadre HDS pour des cas d’usage ciblés avec une charte des pratiques. La combinaison de l’IA avec un RPA (Robotic Process automation) pour automatiser des processus répétitifs sera un bénéfice important de gain de temps et de coût.

Côté FHF, Laurent Pierre lance un appel à une stratégie nationale convergente avec une formation massive des utilisateurs. « Deux tiers des répondants perçoivent l’IA comme une opportunité, les équipes le souhaitent et sont prêtes ». Pour Laurent Pierre, il y a un véritable enjeu de souveraineté. « En France, nous avons ce qu’il faut : Mistral AI peut rivaliser avec les géants américains (Microsoft, Google…) ». Aujourd’hui ces solutions souveraines sont coûteuses et peu matures mais l’article 30 du PLSS qui expérimente un modèle de financement basé sur les gains d’efficience, pourra aider. Enfin 100% des professionnels seront formés au numérique et à l’IA d’ici 2027 car l’IA est intégrée dans les cursus médicaux de formation ainsi que dans la formation continue. "La formation est un acte d’intelligence. Un soignant non formé à l’IA, c’est comme un pilote non formé à son avion."

Pour la DNS, David Sainati revient sur le lancement par la DNS d’une stratégie IA en santé le 12 novembre dernier, soit la veille de notre événement. Elle vise à mutualiser les évaluations et faciliter l’accès aux données. 3 priorités ont été fixées pour 2026 :

  • Aide à la décision médicale : Déploiement de solutions validées (ex : algorithmes de détection précoce des sepsis).
  • Imagerie médicale : Généralisation des outils d’IA pour la détection des anomalies.
  • Automatisation des comptes-rendus : Réduction de la charge administrative des médecins.

Enfin, une souplesse réglementaire est mise en place par une période de transition donnée aux établissements pour se mettre en conformité sur le marquage CE des dispositifs médicaux numériques déjà déployés mais non certifiés.

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Baromètre IA

Table ronde 2 : Déploiement concret de l’IA dans un établissement

Intervenants :

  • José PABLO (CEO de HopeCare)
  • Stéphane KIRCHE et Alexandre BENOIST (Direction de l’Innovation, Hôpital Chalonnais)

José Pablo commence par une présentation de HopeCare avec sa plateforme OPMA pour la médecine préventive territoriale. Cette dernière agrège des données patients (plus de 200 points de données par patient analysé) issues de 40 fabricants d’équipements médicaux et les corrèle avec des données environnementales dans le but de prédire les exacerbations. L’hôpital soigne mieux en étant prévenu en amont des problèmes des patients. Lors du Covid19, cette plateforme a été utilisée et a permis ainsi de trier les patients et de réduire de 93% les cas nécessitant une intervention médicale contre 7% si le triage avait été fait par un humain. "L’IA ne remplace pas les soignants, elle les augmente. Le défi, c’est la formation pour travailler ensemble."

Le défi pour José Pablo est d’unifier les règles de pays européens toutes disparates, y compris pour le remboursement. L’hébergement des données en Europe est aussi un enjeu important.

Stéphane Kirche et Alexandre Benoist expliquent un projet d’"EHPAD hors les murs" au sein du GHT Nord Saône-et-Loire, combinant télésurveillance (avec HopeCare), suivi à domicile et gouvernance territoriale des données. Pour surveiller 1000 patients, 3 infirmières est suffisant. Les bénéfices pour patients et soignants sont importants : réduction des hospitalisations et des durées de séjour, amélioration de la qualité de vie. "L’IA nous permet de passer d’une médecine curative à une médecine prédictive et territoriale" explique Stéphane Kirche. Les freins sont cependant nombreux notamment la résistance au changement du côté des soignants qui nécessite beaucoup de pédagogie et d’accompagnement. Les données et le modèle économique, déjà traités auparavant lors de cette soirée, sont également des freins. De nouveaux métiers peuvent cependant émergés pour un hôpital « magnétique ».

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Initiative - table ronde N°2

Annonces et perspectives UniHA/CAIH

Thomas Jan reprend le micro pour expliquer l’offre d’accompagnement prévue par CAIH : diagnostics gratuits, recommandations personnalisées, valorisation collective.

Aujourd'hui, nous sommes également fiers de vous annoncer le lancement des Trophées Initiative pour encourager et financer les projets d’IA les plus innovants ». Les dossiers devront être déposés avant fin 2025 pour une remise en mars 2026.

Tendances
14 novembre 2025

Trophées InitIAtive : valorisez vos projets d’IA en santé

En savoir plus

Conclusion

Walid Ben Brahim, DG UniHA conclue cette séquence en présentant les prochaines étapes :

  • Deuxième édition du baromètre en novembre 2026, avec une collaboration renforcée avec la FHF
  • En 2026, déploiement des LLM souverains, généralisation des cas d’usage prioritaires et formation massive des soignants avec un objectif de 50% de professionnels formés d’ici 2027.

Nous invitons nos adhérents à candidater massivement aux trophées InitIAtive et à s’engager dans la démarche de l’IA.

L’IA est une réalité actuelle dans 66% des établissements avec un fort potentiel de gain de temps et de qualité des soins.